lundi 16 mars 2009

Un millionnaire et une idole

Il y avait longtemps qu'une soirée cinéma m'avait comblé. Au contraire, mes dernières virées au « cinoche » m'avaient grandement déçu, mais samedi soir dernier je me suis laissé tenter et j'ai été renversé...

Slumdog Millionaire


Le film cendrillon des cérémonies de prix du cinéma états-unien de cette année, Slumdog Millionaire est l'histoire d'un jeune indien issu des bidonvilles des environs de Mumbaï qui participe à un jeu questionnaire télévisé inspiré du succès Who wants to be a millionaire ? afin d'attirer l'attention d'une jeune fille dont il est épris depuis sa plus tendre enfance. Interrogé sur sa capacité à répondre avec justesse aux questions de l'animateur, il racontera plusieurs étapes de sa vie.

Petit bijou de simplicité, voir de crudité, Le pouilleux millionnaire (en version française) est une épopée aussi improbable que délicieuse. Aucune vedette dans ce film réalisé par Danny Boyle, mais une flopée de jeunes espoirs talentueux qui se sont grandement amusés à collectionner les autographes des stars hollywoodiennes qu'ils ont croisées sur le tapis rouge des Golden Globes et des Oscars. Situation rigolote puisque c'est finalement la troupe de Slumdog Millionaire qui est montée sur la scène du Théâtre Kodak pour recevoir, entre autres, la statuette du meilleur film de l'année.

Mais au-delà des prix et du succès, le long métrage demeurera un classique. La sentimentalité de la trame du film et des quelques histoires la composant, la puissance des images, la violence des contrastes et la fragilité des personnages principaux sont autant d'ingrédients qui font mouche. Vous l'aurez compris, je m'efforce ici de dévoiler le moins possible de l'intrigue, ceci dans le but avoué de vous encourager à vous rendre au cinéma pour le visionner (certaines scènes sont effectivement époustouflantes sur grand écran).

En résumé, Slumdog Millionaire est un film à voir. La trame sonore est également à écouter et réécouter...

Dédé à travers les brumes

Les attentes envers ce récit romancé de la vie de André Fortin, le célèbre chanteur du groupe mythique Les Colocs, étaient très hautes à la fois parce que la promotion entourant le film est tonitruante (ce qui m'avait repoussé dans un premier temps) et parce que « Dédé » est une des dernières véritables idoles de la jeunesse québécoise.

L'histoire est articulée autour de l'écriture et l'enregistrement de l'album Dehors novembre durant laquelle Dédé passe par toute la gamme des émotions. Ses tribulations intérieures l'amènent à revoir sa vie à 100 km/h, depuis son arrivée à Montréal en 1985 jusqu'à la fondation du groupe, en passant par les refrains éternels des succès des Colocs et la mort de Pat, l'harmoniste et ami. La deuxième partie de ce long métrage de près de deux heures et demie nous mène à travers les méandres de la lente descente aux enfers de Dédé jusqu'à son suicide en 2000.

Le premier constat que j'ai fais en visionnant le film est à l'effet que je croyais connaître les Colocs puisque leurs chansons ont marqué ma jeunesse et mon adolescence, mais qu'en fait j'ignorais beaucoup d'eux, de leur parcours et de leur histoire musicale. À ce chapitre le récit est intéressant puisqu'il ne se contente pas de flotter au gré du déjà connu et des clichés. On apprend à mesure que l'histoire avance. Aussi, la finition avec laquelle le film est coloré (scènes dessinées, bricolées) rend hommage à l'univers de Dédé. Évidemment, la trame musicale est truffée de classiques de la chanson québécoise et je vous dis que ça « swigne » dans la salle de projection à certains moment.

Mais Dédé à travers les brumes est également déroutant.

Le processus trouble de création d'un artiste, la rançon de la gloire, les excès pour tenter d'oublier, la vie et la mort, le référendum de 1995... beaucoup des éléments du film font mal. Les gens de ma génération se retrouveront, en partie du moins, dans ce Dédé rempli d'espoir et bouillonnant d'idées qui verra ses rêves brisés un à un, faisant place au cynisme et à la perte du goût de se battre.

On ressort donc du cinéma épaté par la qualité du produit, mais bouleversé. Pour ma part j'espère que des milliers de jeunes québécois verront le film et que celui-ci les motivera à se remonter les manches et à s'activer afin que leur existence soit marquante et contribue à poursuivre les combats sociaux et identitaires auxquels Dédé s'est associé.

Et pour celles et ceux d'entre vous qui ne seraient pas encore convaincu-e-s, c'est vrai qu'il est beau Sébastien Ricard !

Allez, bon cinéma.