lundi 30 novembre 2009

En attendant la prochaine campagne électorale...

Plusieurs de mes ami-e-s (je parle ici plus particulièrement de ceux que l'on nomme communément les « militants ») ont surfé, au cours des dernières années, sur une vague inabituellement riche de campagnes politiques et sociales. Qu'il s'agisse du mouvement étudiant (campagne historique contre les coupures de 103 millions de dollars dans le système d'aide financière aux études), du milieu syndical (campagnes de fusion des accréditations dans le domaine de la santé ou suite au redécoupage des municipalités du Québec, maraudage institutionnel sur les chantiers de construction), du gouvernement québécois (élections générales en 2007 et 2008, en plus de quelques partielles), du gouvernement canadien (élections générales en 2004, 2006 et 2008, sans oublier quelques partielles à ce niveau aussi), de nos patelins respectifs tout dernièrement ou de toute cause à caractère plus mondial rejoignant particulièrement notre génération de citoyens du monde (Sommet des Amériques, guerre en Irak, ZLÉA, élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis, lutte aux changements climatiques, etc.), il y a de quoi être essoufflé !

Le roulis semble maintenant vouloir se calmer, du moins au Québec, les cartes du jeu municipal et québécois ayant été distribuées pour au moins quelques années et le momentum contestataire du premier mandat de Jean Charest s'étant estompé chez la plupart des mouvements sociaux. Reste le spectre d'élections canadiennes, mais rien ne semble indiquer que le Québec compte apporter de grands changements à sa représentation à la Chambre des communes et, pour certains, la négociation dans le secteur public, qui n'est plus ce qu'elle était dans les années 1970, c'est le moins qu'on puisse dire.

À la lumière de cette réalité, je remarque trois catégories de jeunes citoyens politiquement actifs (pour fin de catégorisation, je pousse un peu plus loin ma « surfin' » métaphore) : les surfers du dimanche, les planchistes perfectionnistes et les véritables Brice De Nice (personnage incarné par Jean Dujardin dans le film du même nom. Je m'explique.

Les surfers du dimanche OU les adeptes de l'engagement ponctuel

Ces jeunes citoyens ne se destinent pas à une carrière politique, ne souhaitent pas faire des différentes causes auxquelles ils adhèrent leur leitmotiv existentiel et ne dépendent pas des contrats de campagnes pour vivre. Leurs champs d'étude et de travail sont variés et leur contexte vie habituel va d'un appartement bordélique où le travail académique s'effectue de jour comme de nuit à la petite maison de banlieue où certains élevent déjà une petite famille. Ils souhaitent faire leur part lorsque le débat public les interpelle parce que la solidarité est centrale à tout débat et espèrent que leur pavé dans la mare fera une différence... tout en ne fermant pas la porte à l'activité plus intense.

Les planchistes perfectionnistes OU les agents politiques de demain et ceux qui souhaiteraient l'être, coûte que coûte

Pour cette catégorie de la génération en émergence, tout est positionnement, apprentissage et livraison maximale de la marchandise. Qu'importe s'il faut jongler à la fois avec les études, le travail, les quelques implications et le développement personnel, c'est la vie ! Chaque expérience politique est l'occasion d'acquérir une nouvelle expérience pertinente (en vue de... du futur tiens !), chaque rencontre un moment de juger ses capacités interpersonnelles et chaque échange argumentatif un exercice de rigueur très sérieux. Déjà affublés du surnom de « politicien » par leurs pairs, les membres de ce groupe essaient de maximiser leur temps et de prendre part aux forums de discussion leur étant offerts, tout en pensant au futur et aux détours de leur vie personnelle à ne pas oublier.

Les Brice de Nice OU les guerriers éternellement à la recherche d'un combat

Certains jeunes, très actifs, ont eu la piqûre du militantisme lors de leur toute première implication et tentent sans arrêt de retrouver la sensation ressentie à cette époque. Peu importe le contexte dans lequel ils ont d'abord milité ou la cause pour laquelle ils se sont d'abord jetés à l'eau, c'est désormais le bouillonnement d'activité qui les stimule. Toujours prêts à relever le défi (et pas nécessairement un nouveau...), peu importe ce qu'il leur apportera; toujours à la recherche d'un affrontement politique, sans égard aux conséquences sur leur santé, leurs relations personnelles, leur portefeuille, ces apôtres du mouvement carburent à l'adrénaline et c'est ce qu'ils recherchent en premier dans une campagne. Le rideau n'est pas encore tombé sur une période d'activité intense leur ayant apporté la victoire ou la défaite qu'ils sont déjà en chasse de la prochaine scène politique où ils se produiront, sans même avoir pris un peu de répit. Comme Brice de Nice, ils se lèvent tous les matins espérant LA vague.

C'est suite au constat décortiqué ci-haut, auquel je suis arrivé en discutant avec des ami-e-s au cours des dernières semaines, que j'ai décidé de proposer, bien humblement, quelques pistes de solutions aux gens engagés que je ne saurais trop encourager.

Tout d'abord, il m'apparaît important de prendre conscience de quel type de citoyen actif politiquement vous êtes et à quel genre de militantisme vous vous destinez.

Si vous vous retrouvez dans la description mi-loufoque, mi-réaliste que j'ai élaboré plus tôt concernant les Brice de Nice, ARRÊTEZ TOUT. Vous allez vous brûler, tant physiquement que politiquement !

Une fois cette réflexion faite (et un arrêt vital effectué par les Brice de Nice), je vous convie à une prise de conscience, plus humaine cette fois.

Dans un premier temps, faites l'inventaire de vos dernières années marquées par l'activité politique et sociale. Que vous ont apporté vos implications ? Qu'avez-vous appris ? Avec qui avez-vous tissé des relations durables ? Quelles nouvelles passions les avenues que vous avez explorées ont-elles fait surgir en vous ? Le but de ce bilan (qui doit être dressé de la manière la plus honnête possible) est de séparer le sentiment de réalisation qu'apporte l'activité politique du bagage concret que vous avez accumulé. Vos expériences vous ont-elles permis de grandir, de vous fortifier en tant que personne, et à quel point ? Ces questions vous donneront peut-être le goût de continuer, ou de prendre un temps d'arrêt pour réfléchir aux objectifs que vous poursuiviez au début de votre implication et à ceux que vous souhaitez vous fixer maintenant.

Ensuite, évaluez ce que vous n'avez PAS fait au cours de vos années de militantisme. Il est en effet très important de calculer le coût d'option et le coût d'opportunité de votre « travail » politique non pas de manière comptable, mais plutôt pour questionner, ou réaffirmer, vos choix. Est-ce que l'expérience a constitué un passage accéléré vers vos buts ? Avez-vous raté des opportunités intéressantes parce que vous aviez le sentiment de ne pas pouvoir « lâcher » une campagne ? Lorsque vous traversez une période plus calme sur le plan politique (comme celle que nous vivons présentement), quelles sont vos priorités, les loisirs auxquels vous retournez ? L'équilibre est fondamental, surtout dans la vie de quelqu'un qui pratique un métier politique ou qui s'implique périodiquement pour une cause, puisque l'ajout de la politique bouscule forcément la « vie normale ». Au-delà du simple questionnement pragmatique, cette étape pourrait vous permettre de remettre en perspective certaines étapes que vous souhaiterez compléter avant de poursuivre votre tumultueuse expérience militante.

Finalement, dotez-vous d'un plan pour les prochaines années. Cet exercice, je le répète, est facilité par le calme relatif (bien que tout puisse changer sans crier gare...) des prochaines années qui s'annoncent. Ce que contient votre plan vous regarde, mais je me permet d'insister sur quelques aspects fondamentaux du parcours d'un jeune leader de la société québécoise de demain : la formation académique, l'importance de développer des relations basées sur les intérêts communs mais également sur la fidélité et l'amitié, l'établissement d'une base financière indépendante, les expériences de travail connexes à votre implication mais variées et, si le coeur vous en dit, le développement d'une vie de couple ou de famille. Qu'il s'agisse de solidifier votre argumentaire en le confrontant à des maîtres « callés », de franchir les prochaines étapes de votre engagement et de votre vie en étant entouré de personnes de confiance, de pouvoir faire des choix (d'emploi ou de campagne) non pas en fonction de la paie mais de votre intérêt, d'être plurifonctionnel lorsque vous faites face à une situation inédite ou d'avoir des êtres chers avec qui vivre les joies et les douleurs de l'engagement, ces éléments constituent des bases solides sur lesquelles construire votre avenir.

Vous l'aurez compris, mon article d'aujourd'hui s'adresse plus particulièrement à ceux et celles chez qui a déjà germé la graine du militantisme ou du travail politique. C'est que j'ai l'occasion d'en croiser plusieurs, avec grand plaisir, ces derniers temps. Toutefois, tel que je l'ai mentionné auparavant, ces propositions ne sont que quelques-unes des avenues empruntables. Elles peuvent être bonifiées, modifiées en fonction de votre âge, de vos états de service et de vos projets futurs. Je ne m'en cache pas, j'espère aussi que cette discussion aura un certain effet persuasif chez les gens qui hésitent encore à s'activer !

Peu importe votre niveau de conviction et d'activité, vous gagnerez toujours à savoir d'où vous venez, à préciser où vous allez et à choisir quel rôle vous souhaitez (et pensez pouvoir) jouer dans le Québec de demain !

Comme je ne suis pas un gourou et que l'objectif annoncé de ce blogue est de débattre afin de nous enrichir collectivement, j'attends vos commentaires avec impatience...

mardi 3 novembre 2009

Un ajout à ma Blogoliste

À partir d'aujourd'hui vous pourrez consulter le blogue de Jean-François Lisée simplement en sélectionnant ses articles dans ma Blogoliste.

Son blogue se trouve au http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/ .

J'en profite pour le remercier de m'avoir ajouté à sa liste de diffusion d'articles et de réflexions.