David Fortin, ce petit homme d'Alma qui, selon toutes vraisemblances, semble être en fugue depuis un bon moment, était un « rejet ».
Ces parents le savaient, ses compagnons de classe le savaient, ses professeurs le savaient également.
Personne n'a agit.
On croit, à tort, que l'omerta ne s'applique qu'aux criminels, aux membres de différentes mafias. Pourtant, lorsqu'on est « différent », ou que la pauvreté de nos apitudes sociales nous amène à nous tenir à l'écart, les recours se font rares pour un étudiant en situation de persécution.
Un jeune qui dénonce est un « stool », une taupe, un « téteux de profs », et non pas simplement un être humain détruit ou agressé qui tente de s'en sortir. Le cycle infernal du silence prend donc tranquillement place, le jeune se referme sur lui-même et tente d'y trouver un réconfort ou, du moins, un lieu où les ennemis sont absents, mais le monde extérieur n'arrête pas de tourner pour autant et, chaque fois qu'il met le pied dans la cour d'école, il est vite rattrapé par la réalité.
David Fortin n'en pouvait plus d'être harcelé à l'école et, comme il n'avait pas le réflexe sauvage de tapper sur la gueule de ses oppresseurs, il est parti. Maintenant, tout son entourage est inquiet et chaque entrevue avec une personne l'ayant côtoyé permet de comprendre un peu mieux pourquoi il a fait le choix de mettre les voiles.
Personne n'est intervenu en sa faveur. Personne n'a pris le crachoir pour le défendre.
À qui la faute ?
Nul n'est véritablement coupable dans cette histoire. Les parents de David voulaient certainement qu'il s'épanouisse et en vienne à se foutre de ses détracteurs. Ses professeurs ont probablement tenté de trouver qui étaient les enfants vicieux qui se payaient sa tête. Ses « amis » ont vu (et maintes fois raconté) les tribulations auxquelles le jeune garçon faisait face et leur malaise face aux mauvais traitements qu'il recevait. Ce n'est donc la faute de personne... et la faute de tous !
Le silence est la pire des calamités lorsque quelqu'un est mal dans sa peau, lorsqu'un jeune (ou un moins jeune) a mal à l'âme. On se console parfois, lorsque nous assistons à des situations injustes ou choquantes, en nous disant qu'un jour tout rentrera dans l'ordre et qu'il ne s'agit que d'un passage douloureux, mais la douleur qui n'est point expiée pourrit l'existence.
David Fortin n'est pas le premier « rejet » que nos écoles produisent, au contraire. Il n'est que le symbole d'une « classe » d'étudiants ostracisés à cause de leur taille, leur poids, leur orientation sexuelle, leurs goûts musicaux, etc. Il n'est que la goutte qui fait déborder le vase.
Si l'un de mes trois frères ou l'une de mes cinq soeurs subissait la même bastonnade constante que celle endurée par le jeune David, je voudrais savoir. Je voudrais avoir le droit de me fâcher, de donner une leçon aux petits « chefs » qui s'arrogent le droit de martyriser leurs semblables. Je voudrais pouvoir, en leur nom, me venger pour les douloureux souvenirs que cette histoire fait remonter en moi.
Mais, pour l'instant, je ne souhaite que le retour de David parmi les siens (aussi imparfaits soient-ils) parce que l'isolement ne peut que nuire et que l'on ne doit pas laisser gagner les persécuteurs.
Si vous pensez pouvoir contribuer à retrouver le jeune homme, appelez au 418-662-6606.
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