mercredi 25 février 2009

Être « rejet »...

David Fortin, ce petit homme d'Alma qui, selon toutes vraisemblances, semble être en fugue depuis un bon moment, était un « rejet ».

Ces parents le savaient, ses compagnons de classe le savaient, ses professeurs le savaient également.

Personne n'a agit.

On croit, à tort, que l'omerta ne s'applique qu'aux criminels, aux membres de différentes mafias. Pourtant, lorsqu'on est « différent », ou que la pauvreté de nos apitudes sociales nous amène à nous tenir à l'écart, les recours se font rares pour un étudiant en situation de persécution.

Un jeune qui dénonce est un « stool », une taupe, un « téteux de profs », et non pas simplement un être humain détruit ou agressé qui tente de s'en sortir. Le cycle infernal du silence prend donc tranquillement place, le jeune se referme sur lui-même et tente d'y trouver un réconfort ou, du moins, un lieu où les ennemis sont absents, mais le monde extérieur n'arrête pas de tourner pour autant et, chaque fois qu'il met le pied dans la cour d'école, il est vite rattrapé par la réalité.

David Fortin n'en pouvait plus d'être harcelé à l'école et, comme il n'avait pas le réflexe sauvage de tapper sur la gueule de ses oppresseurs, il est parti. Maintenant, tout son entourage est inquiet et chaque entrevue avec une personne l'ayant côtoyé permet de comprendre un peu mieux pourquoi il a fait le choix de mettre les voiles.

Personne n'est intervenu en sa faveur. Personne n'a pris le crachoir pour le défendre.

À qui la faute ?

Nul n'est véritablement coupable dans cette histoire. Les parents de David voulaient certainement qu'il s'épanouisse et en vienne à se foutre de ses détracteurs. Ses professeurs ont probablement tenté de trouver qui étaient les enfants vicieux qui se payaient sa tête. Ses « amis » ont vu (et maintes fois raconté) les tribulations auxquelles le jeune garçon faisait face et leur malaise face aux mauvais traitements qu'il recevait. Ce n'est donc la faute de personne... et la faute de tous !

Le silence est la pire des calamités lorsque quelqu'un est mal dans sa peau, lorsqu'un jeune (ou un moins jeune) a mal à l'âme. On se console parfois, lorsque nous assistons à des situations injustes ou choquantes, en nous disant qu'un jour tout rentrera dans l'ordre et qu'il ne s'agit que d'un passage douloureux, mais la douleur qui n'est point expiée pourrit l'existence.

David Fortin n'est pas le premier « rejet » que nos écoles produisent, au contraire. Il n'est que le symbole d'une « classe » d'étudiants ostracisés à cause de leur taille, leur poids, leur orientation sexuelle, leurs goûts musicaux, etc. Il n'est que la goutte qui fait déborder le vase.

Si l'un de mes trois frères ou l'une de mes cinq soeurs subissait la même bastonnade constante que celle endurée par le jeune David, je voudrais savoir. Je voudrais avoir le droit de me fâcher, de donner une leçon aux petits « chefs » qui s'arrogent le droit de martyriser leurs semblables. Je voudrais pouvoir, en leur nom, me venger pour les douloureux souvenirs que cette histoire fait remonter en moi.

Mais, pour l'instant, je ne souhaite que le retour de David parmi les siens (aussi imparfaits soient-ils) parce que l'isolement ne peut que nuire et que l'on ne doit pas laisser gagner les persécuteurs.

Si vous pensez pouvoir contribuer à retrouver le jeune homme, appelez au 418-662-6606.

mardi 17 février 2009

Bienvenue à Daniel Turp !

Un blogueur de plus sur la toile, cette semaine, en la personne de Daniel Turp, professeur et ex-député de Mercier.

J'ai ajouté un lien dans ma liste de blogues, mais il semble que son flux ne soit pas encore tout à fait à point.

Passez le visiter au www.danielturpqc.org/leblogue !

mercredi 11 février 2009

Joyeux anniversaire !

Selon mes sources (merci Philippe !), c'est le 11 février 1989 qu'a été fondée la Fédération étudiante universitaire du Québec.

Il y a donc 20 ans aujourd'hui que cette organisation étudiante a vu le jour et je veux profiter de cette occasion pour féliciter les militants qui ont oeuvré au sein de la Fédération pour leur engagement et leurs convictions. Le travail effectué au cours de ces deux décennies aura permis de positionner plus d'un enjeu concernant les réalités universitaires et de réaliser des gains concrets pour les étudiants québécois.

Évidemment, un 20e anniversaire doit être accompagné d'une réflexion, d'une introspection. Loin de moi l'idée de m'atteler à cette tâche puisque ce n'est plus ma responsabilité et que le rôle de belle-mère, dans le mouvement étudiant comme en politique, n'est que du temps mal investi, du bénévolat excessif. Toutefois, je lance ici quatre pistes de discussion auxquelles vous pourrez réagir si vous le désirez...

1) Est-ce que le mouvement étudiant doit obligatoirement être uni pour avancer ?

Il est utopique de croire à l'union de toutes les factions par tous les moyens, que ce soit dans le mouvement étudiant ou ailleurs. C'est, entre autres, la multiplicité des points de vue qui permettent d'enrichir une société démocratique. En ce sens, les leaders étudiants, peu importe leurs tendances, devraient-ils axer leur travail autour de causes plutôt que de banières ? La question étant posée, il faut par contre comprendre que la force d'un mouvement vient également de l'étendue de sa base et de l'efficacité de son organisation et que ceci est beaucoup plus facile à accomplir en fédérant des membres et des militants.

2) Comment la FEUQ peut-elle reprendre un contact plus direct avec les étudiants afin de les mobiliser ?

Beaucoup d'étudiants « normaux » (comprendre ici qu'il s'agit de jeunes et de moins jeunes qui fréquentent l'université pour les cours) connaissent la FEUQ. Leur souvenir peut provenir de la grève des 103 millions ou de la couverture médiatique que l'organisation reçoit périodiquement. Pourtant, afin de sensibiliser, informer et mobiliser la base étudiante, il est important de créer des mécanismes de contact plus permanents avec elle. Est-ce que la FEUQ devrait créer des outils d'échange avec les étudiants ? Serait-il envisageable d'assurer une présence plus dynamique et diversifiée que des passages sur les campus lors d'assemblées générales, de référendums ou de partys de la rentrée ? Bien-sûr, personne n'est dupe et le concept de « souveraineté locale », si cher à certains, devra être revu si la FEUQ souhaite se rapprocher directement de ses membres...

3) Quels sont les nouvelles causes, les nouveaux dossiers que le mouvement étudiant devrait porter ?

Le combat pour le gel des frais de scolarité a accaparé presque toute l'énergie du mouvement étudiant au cours de plus de la moitié de l'existence de la FEUQ. Est-ce que ce combat est terminé ? Je ne crois pas. La lutte pour l'accessibilité (qu'elle prenne la forme d'un gel ou une autre) est fondamentale dans une société qui tend à se diriger vers une économie du savoir. Ceci étant, plusieurs nouvelles réalités émergent dans le monde universitaire et dans le milieu de l'éducation en général. Le financement et le positionnement de nos universités, l'occupation du territoire québécois en ce qui a trait aux établissements de formation et la problématique de la compétition excessive entre eux, la dynamique des étudiants internationaux, les modes d'apprentissage alternatifs qui sont parfois non-rémunérés (stages, séminaires), etc. Comment prendre tous ces défis de front tout en priorisant afin de répondre aux besoins les plus fondamentaux ?

4) La culture du gain concret est-elle encore de mise ou est-ce que les étudiants aspirent à la défense d'un projet plus global, à la construction d'un discours plus sociétal ?

Peu importe le domaine concerné, les gens s'affilient à une organisation parce qu'elle défend leurs intérêts, qu'elle leur apporte des gains. Comme tout mouvement qui se respecte, la FEUQ a elle aussi réussit à réaliser des avancées pour les étudiants universitaires du Québec. La question qui se pose maintenant est de savoir si un mouvement aussi large et englobant que le mouvement étudiant doit se concentrer sur des enjeux précis et des gains ciblés ou si son discours doit être plus inclusif et lier les demandes étudiantes au contexte sociétal québécois, dans un esprit de cohérence et de solidarité. Est-ce que les étudiants québécois se sentiraient plus concernés si on abordait leur condition dans une perspective plus large ? Est-ce que le fait de questionner et de chercher à améliorer la société comme un tout risquerait de noyer les priorités historiques de la FEUQ ?

Voilà donc autant de questions que le mouvement étudiant aura à se poser au cours des prochaines années. Beaucoup d'autres aspects pourraient aussi être abordés et j'espère qu'ils le seront. Il faut bien commencer à penser les 20 prochaines années !

À la prochaine.