mercredi 11 février 2009

Joyeux anniversaire !

Selon mes sources (merci Philippe !), c'est le 11 février 1989 qu'a été fondée la Fédération étudiante universitaire du Québec.

Il y a donc 20 ans aujourd'hui que cette organisation étudiante a vu le jour et je veux profiter de cette occasion pour féliciter les militants qui ont oeuvré au sein de la Fédération pour leur engagement et leurs convictions. Le travail effectué au cours de ces deux décennies aura permis de positionner plus d'un enjeu concernant les réalités universitaires et de réaliser des gains concrets pour les étudiants québécois.

Évidemment, un 20e anniversaire doit être accompagné d'une réflexion, d'une introspection. Loin de moi l'idée de m'atteler à cette tâche puisque ce n'est plus ma responsabilité et que le rôle de belle-mère, dans le mouvement étudiant comme en politique, n'est que du temps mal investi, du bénévolat excessif. Toutefois, je lance ici quatre pistes de discussion auxquelles vous pourrez réagir si vous le désirez...

1) Est-ce que le mouvement étudiant doit obligatoirement être uni pour avancer ?

Il est utopique de croire à l'union de toutes les factions par tous les moyens, que ce soit dans le mouvement étudiant ou ailleurs. C'est, entre autres, la multiplicité des points de vue qui permettent d'enrichir une société démocratique. En ce sens, les leaders étudiants, peu importe leurs tendances, devraient-ils axer leur travail autour de causes plutôt que de banières ? La question étant posée, il faut par contre comprendre que la force d'un mouvement vient également de l'étendue de sa base et de l'efficacité de son organisation et que ceci est beaucoup plus facile à accomplir en fédérant des membres et des militants.

2) Comment la FEUQ peut-elle reprendre un contact plus direct avec les étudiants afin de les mobiliser ?

Beaucoup d'étudiants « normaux » (comprendre ici qu'il s'agit de jeunes et de moins jeunes qui fréquentent l'université pour les cours) connaissent la FEUQ. Leur souvenir peut provenir de la grève des 103 millions ou de la couverture médiatique que l'organisation reçoit périodiquement. Pourtant, afin de sensibiliser, informer et mobiliser la base étudiante, il est important de créer des mécanismes de contact plus permanents avec elle. Est-ce que la FEUQ devrait créer des outils d'échange avec les étudiants ? Serait-il envisageable d'assurer une présence plus dynamique et diversifiée que des passages sur les campus lors d'assemblées générales, de référendums ou de partys de la rentrée ? Bien-sûr, personne n'est dupe et le concept de « souveraineté locale », si cher à certains, devra être revu si la FEUQ souhaite se rapprocher directement de ses membres...

3) Quels sont les nouvelles causes, les nouveaux dossiers que le mouvement étudiant devrait porter ?

Le combat pour le gel des frais de scolarité a accaparé presque toute l'énergie du mouvement étudiant au cours de plus de la moitié de l'existence de la FEUQ. Est-ce que ce combat est terminé ? Je ne crois pas. La lutte pour l'accessibilité (qu'elle prenne la forme d'un gel ou une autre) est fondamentale dans une société qui tend à se diriger vers une économie du savoir. Ceci étant, plusieurs nouvelles réalités émergent dans le monde universitaire et dans le milieu de l'éducation en général. Le financement et le positionnement de nos universités, l'occupation du territoire québécois en ce qui a trait aux établissements de formation et la problématique de la compétition excessive entre eux, la dynamique des étudiants internationaux, les modes d'apprentissage alternatifs qui sont parfois non-rémunérés (stages, séminaires), etc. Comment prendre tous ces défis de front tout en priorisant afin de répondre aux besoins les plus fondamentaux ?

4) La culture du gain concret est-elle encore de mise ou est-ce que les étudiants aspirent à la défense d'un projet plus global, à la construction d'un discours plus sociétal ?

Peu importe le domaine concerné, les gens s'affilient à une organisation parce qu'elle défend leurs intérêts, qu'elle leur apporte des gains. Comme tout mouvement qui se respecte, la FEUQ a elle aussi réussit à réaliser des avancées pour les étudiants universitaires du Québec. La question qui se pose maintenant est de savoir si un mouvement aussi large et englobant que le mouvement étudiant doit se concentrer sur des enjeux précis et des gains ciblés ou si son discours doit être plus inclusif et lier les demandes étudiantes au contexte sociétal québécois, dans un esprit de cohérence et de solidarité. Est-ce que les étudiants québécois se sentiraient plus concernés si on abordait leur condition dans une perspective plus large ? Est-ce que le fait de questionner et de chercher à améliorer la société comme un tout risquerait de noyer les priorités historiques de la FEUQ ?

Voilà donc autant de questions que le mouvement étudiant aura à se poser au cours des prochaines années. Beaucoup d'autres aspects pourraient aussi être abordés et j'espère qu'ils le seront. Il faut bien commencer à penser les 20 prochaines années !

À la prochaine.

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